388. UN RÊVE

‘«Quel don lui faire au déclin de l’année?
Le vent d’hiver a brûlé le gazon,
La fleur n’est plus et la feuille est fanée,
Rien de vivant dans la morte saison...»
Et consultant d’une main bien-aimée
De votre herbier maint doux et cher feuillet,
Vous réveillez dans sa couche embaumée
Tout un Passé d’amour qui sommeillait...
Tout un Passé de jeunesse et de vie,
Tout un Passé qui ne peut s’oublier...
Et dont la cendre un moment recueillie
Reluit encore dans ce fidèle herbier...
Vous y cherchez quelque débris de tige —
Et tout à coup vous y trouvez deux fleurs...
Et dans ma main par un secret prodige
Vous les voyez reprendre leurs couleurs.
C’étaient deux fleurs: l’une et l’autre était belle,
D’un rouge vif, d’un éclat peu commun...
La rose brille et l’œillet étincelle,
Tous deux baignés de flamme et de parfum...
Et maintenant de ce mystère étrange
Vous voudriez reconnaître le sens...
Pourquoi faut-il vous l’expliquer, cher ange?..
Vous insistez. Eh bien soit, j’y consens.
Lorsqu’une fleur, ce fréle et doux prestige.
Perd ses couleurs, languit et se flétrit,
Que du brasier on approche sa tige,
La pauvre fleur aussitôt refleurit...
Et c’est ainsi que toujours s’accomplissent
Au jour fatal et rêves et destins...
Quand dans nos cœurs les souvenirs pâlissent,
La Mort les fait refleurir dans ses mains...
7 октября 1847

<См. перевод>


Воспроизводится по изданию: Ф.И. Тютчев. Полное собрание стихотворений. Л.: Сов. писатель, 1987. (Библиотека поэта; Большая серия).
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